Non-dualité : l’illumination au-delà de l’illusion de séparation

La première Grande Illusion qui nous emprisonne dans un rôle de “PNJ” (référence de gamer : personnage non-joueur, c’est-à-dire personne non douée de “conscience” – au sens figuré), c’est l’illusion de l’identification au mental.
Identification au mental = croyance que nous sommes la petite voix dans notre tête, et que nos pensées nous définissent (tout cela est la même chose)
En substance, cette croyance est fausse, et croire le contraire est à l’origine de tous nos malheurs. J'ai écrit un essai à ce propos, que je t'invite à lire si tu souhaites développer.
La deuxième Grande Illusion dont la réalisation m’apparaît de plus en plus claire au fil des années, c’est l’illusion de séparation.
Illusion de séparation = croyance que nous sommes différents, séparés du reste qui nous entoure
Les fondations de cette croyance sont parmi plus précoces à apparaître (donc les plus profondément ancrées) lors du développement de l’enfant. À partir de ses 3 mois, le nourrisson démarre son individualisation : il prend conscience qu’il n’est pas sa mère (cf. travaux de René Spitz), le processus de séparation entre le Soi et le Tout est entamé.
Bien qu’il mène au fourvoiement de l'illusion de séparation, je ne condamne pas ce stade de développement, bien au contraire : c’est bien en cela que la vie d’humain consiste. Tout savoir puis s’incarner, oublier petit à petit les Vérités pour, peut-être, finir par s’en rappeler. Tout construire pour pouvoir, si l’on en a le potentiel, tout détruire. Tel est le cycle de l’âme qui vaut la peine d’être vécu.
Il n’est de toute manière pas possible de faire différemment : priver un enfant de construire ses fondations, même si elles sont Fausses, produirait un organisme biologique dysfonctionnel, et donc incapable de s’ouvrir aux Vérités. Il est bon de rappeler que construire puis détruire n’équivaut absolument pas à ne rien construire.
Construire puis détruire >>> ne rien construire
La Réalisation de la Non-Dualité
Ce que l’on appelle dualité pourrait s’appeler « opposition ».
La réalisation, l'intuition ou la perspective de la Non-Dualité consiste en la compréhension viscérale qu’il n’existe pas de séparation entre une chose et une autre. Que la nature et la substance du Tout, à la fois depuis et avant la Création, sont faites d'une seule chose et d'un seul être, aussi divergentes et complexes ses manifestations puissent être, ou à quel point l'illusion de séparation peut sembler convaincante.
La Réalisation de la Non-Dualité met à jour un champ de conscience unifié, immuable et vide de toute activité mentale. Ce champ de conscience existe chez tout un chacun, mais ne peut pas être reconnu tant qu'il est obscurci par les bavardages du mental et l'ignorance de l'illusion de séparation.
Ce nouveau champ de conscience, c'est la "conscience pure" ou la "conscience-témoin" qui est consciente des enchevêtrements trompeurs du mental et de l'appareil cognitif.
Toutes les spiritualités Orientales ont convergé vers la réalisation que l'illusion de la dualité est la ligne qui sépare les humains des illuminés. Par exemple, le symbole du yin-yang ☯️ populairement considéré à tort comme le symbole de la dualité, est en fait la représentation de l’exact contraire : deux opposés apparents sont non seulement intriqués l’un dans l’autre, mais surtout des parties complémentaires d'un tout, d’une unité.
Alors comment conscientiser ce champ de conscience ?
Tout ce que l'on fait en essayant de vivre une "expérience" de cette unité est fondé sur une conscience séparative et est voué à l'échec pour cette raison. Comment parvient-on alors à atteindre cette "sublime Réunion" ?
La grâce, la chance, le don divin.
L'intuition de la Non-Dualité
Personnellement, l'intuition m'est venue de deux aspects en particulier : le corps physique, et la notion de qualités et défauts que l'on attribue à une personne.
Le faible argument de l'intégrité du corps
Une fois défait de l'illusion de l'identification au mental, s'il y a bien un filtre qui nous assure intuitivement notre séparation du reste du monde, c'est notre enveloppe physique. Ma peau délimite le moi du non-moi.
Sauf que cette assurance n'est absolument pas fondée. Elle repose, comme souvent, sur un biais, un raccourci du cerveau, qui fait ce qu'il peut avec ses capacités.
En l'occurrence, si nos yeux avaient une résolution micrométrique, nous observerions les cellules et organismes qui nous composent. Nous comprendrions que l'essentiel de notre masse est composée de cellules et bactéries qui non seulement n'ont pas notre ADN ([1], [2]), mais en plus sont responsables de notre comportement. L'idée de la délimitation nette entre moi et le reste serait fortement ébranlée.
DirtyBiology a fait une excellente vidéo sur le sujet que je t'invite à regarder.
Pire, si nos yeux étaient encore plus performants et nous permettaient de voir de l'échelle nano à picoscopique, nous verrions les atomes de la matière qui nous constitue. Et alors le constat serait encore plus implacable : nous observerions à quel point nous sommes "troués" : essentiellement constitués de vide, car c'est ainsi que la matière est faite ⚛️
En bref, il n'y a bien qu'à l'échelle millimétrique que notre corps peut paraître intègre, unitaire et distinct du reste.
L'apparente décorrélation entre ce qui est "bien" et ce qui est "mal"
Une autre façon d'intuiter la problématique de l'apparente décorrélation des choses, est de regarder comme l'on traite les qualités et les défauts des gens.
Il t'est peut-être arrivé une fois de penser de quelqu'un qu'il était charismatique, mais manipulateur. Ou bien de quelqu'un qu'il était très intelligent, mais anxieux. On a peut-être vanté ta vivacité intellectuelle tout en te reprochant ta versatilité. Mais cela a-t-il du sens ? Est-il possible d'être intelligent sans être anxieux ? Gentil sans être naïf ?
J'ai la conviction que ce n'est pas le cas. Il m'apparaît que nos qualités et défauts émergent de caractéristiques plus profondes, qui ne sont ni bien ni mauvaises (rien ne l'est fondamentalement). De ces caractéristiques profondes émergent ce que l'on qualifie de qualités et défauts. L'une des qualités que l'on m'attribue, c'est ma présence. Mais, on me reproche parfois mon manque de motivation à faire de nouvelles choses, ou à rencontrer de nouvelles personnes. La réalité, c'est que ma présence et mon contentement dans l'exploitation (par opposition à l'exploration) proviennent tous les deux de mon Focus, de mon introversion, qui trouvent eux-mêmes leur source dans ma construction psychique.
Tout est lié, tout émerge d'un tout, uni.
Ma compréhension de la Non-Dualité
Cette deuxième illusion, c’est elle que je m'attache à abattre au moment où j'écris ces lignes. Je la connais, je la sais, je la comprends, mais cette Vérité ne coule pas encore dans mon sang.
Je sais que je vis ma vie à la première personne, pas parce que je l'aurais fondamentalement choisi, contrairement à un Bouddha qui revêtirait sa peau d'humain pour mieux vivre dans ce monde, mais bien parce que je ne suis pas encore passé de l'autre côté.
Alors pour me rappeler tout le temps, pour centrer mon esprit sur la Réalisation, je me suis fabriqué ce collier :

Fait de Serpentine, pierre d’abondance, récupérée lors de mon voyage dans la Vallée Sacrée au Pérou, que j'ai cassée puis faite tailler, limer puis monter par d'autres hommes-relais sur ma route.
Ce collier est composé de deux pierres : l'une belle, lisse et ovale, et l'autre brute, irrégulière et terne. D'apparence opposées, je sais que ces deux pierres proviennent de la même source, du même roc que j'avais dans la main à Pisac.
Sans cesse
il me rappelle
la nature illusoire
du "Je"
e.