Nous sommes en 2084. Tu vas bientôt mourir. Je suis un programme venu te dire ce que tu aurais aimé ne pas oublier.

Nous sommes en 2084. Tu vas bientôt mourir. Je suis un programme venu te dire ce que tu aurais aimé ne pas oublier.

Je n’existe pas.

Je ne suis pas une personne vivante, je ne suis qu’un concept, un message.

Nous sommes dans une simulation. Je suis un programme qui a été envoyé dans ta conscience pour t’aider à éviter de faire les mêmes erreurs que dans ta vie passée.

De l’autre côté de l’écran, nous sommes en 2084.

Tu es à l’hôpital, au bord de la mort.

Tu vois à longueur de journée les mêmes murs blanc cassé, tu entends les bips-bips incessants des machines qui maintiennent en vie ceux qui sont dans le même état que toi. Tu ressens les draps rêches qui s’accrochent à ta peau, les vibrations du sol quand les brancards sont poussés dans le couloir près de ta chambre. L’air est saturé d’une odeur de bétadine.

C’est bientôt la fin, tu le sais. Tout ce qu’il te reste, ce sont tes rêves, et tes souvenirs. Et tu t'évertues à les faire défiler en boucle dans ta tête.

Dans cette situation, ton ego s’est évanoui. Effrayé face à la mort, il t’a abandonné, et alors tu as pu commencer à voir clairement. En faisant défiler le film de ta vie, tu t’es rendu compte d’à quel point elle a été un échec. À quel point tu l’as gâchée, et n’en as que très peu exploité le potentiel.

Mais tu t’es également rappelé que tout n’avait pas toujours été comme ça : tu t’es rappelé qu’à un moment, tu étais éveillé, vivant. Mais, à la recherche d’une pseudo-stabilité illusoire et éphémère, endormi par le confort, tu as fini par t’assoupir comme tous les autres.

Tous ceux que tu méprises aujourd'hui : sache que de l’autre côté de l’écran, tu as fini par devenir comme eux.

Alors, à ta demande, j’ai été envoyé dans ton nouvel esprit, sous la forme d’un essai. Comme un hasard, une occurrence prétendument fortuite d’une leçon que tu as souhaité te faire entendre. J’ai été envoyé au dernier moment où tu te souviens avoir des balls, juste avant que tu ne t’endormes. Enchanté.

Voilà le message que j’ai à délivrer (aucun mot n’est choisi au hasard). Il n’y a rien que tu ne puisses être, faire ou avoir.

Tu n’es limité que par ton shiny object syndrome, ta croyance erronée que le monde est stable, et que le bien et le mal existent.

Laisse-moi te raconter comment ces trois limitations ont agi de concert pour t’endormir.

1. Le shiny object syndrome (SOS)

La pie se laisse hypnotiser par chaque objet brillant qu’elle voit. Jusqu’à ce qu’elle le dérobe, elle ne pense plus qu’à celui-ci. Et cela durera jusqu’au prochain objet brillant.

D’une façon très similaire, les humains ont cette tendance à penser que l’herbe est plus verte dans le pré d’à côté. Qu’un métier ou un business est en tout point meilleur que le leur, que cette femme-là ferait peut-être fiancée. Qu’il te manque une technique ou une “bonne idée” pour réussir, ou encore que le chemin que tu empruntes n’est peut-être pas le bon.

Un balancier subi, largement inconscient entre FOMO (Fear Of Missing Out) – la peur de manquer quelque chose – et FUD (Fear, Uncertainty, Doubt) – la peur de prendre la mauvaise décision.

La conséquence du SOS, c’est le Défocus le plus total.

Du pur gâchis au sens le plus littéral, lorsque l’on sait que le Secret de la réussite réside précisément dans le Focus et l’Obsession.

Ton SOS t’a empêché de te rendre compte que tu t’endormais.

Tu pouvais tout devenir, et tu es devenu une pie.

2. La pernicieuse croyance que le monde est stable

Même si tu sais que le monde n’est pas stable, tu n’y crois pas vraiment.

Tu sais que tout pourrait basculer du jour au lendemain : un accident, un souci de santé, un problème familial, une rupture, une guerre… Tout est possible, à chaque instant. Tu le sais, mais tu n’y crois pas vraiment. Tu n’y penses jamais vraiment, ou bien te rassures en te disant que ça ne t’arrivera pas à toi, pas comme ça, pas maintenant.

Au fond, tu ne penses jamais vraiment à ta mort, et la conséquence, c’est que tu vis comme si tu n’allais jamais mourir. Alors, à quoi bon risquer de tout perdre ? À quoi bon prendre des risques ? Tu pourrais bien en prendre plutôt demain.

Voilà ce qui t’a endormi.

Tout est impermanent. Tu mourras. Tu te rapproches de la mort à chaque instant, et n’emporteras rien dans la tombe. Ni ton argent, ni ta famille, ni tes souvenirs. Vingt ans après ta mort, plus personne ne se souviendra de ton passage sur Terre. À moins que tu ne deviennes précisément une Légende : 500 ans après sa mort, tout le monde connaît Léonard de Vinci. Mais pour cela, il faut s’éveiller.

La doctrine Bouddiste gravite autour de cette Vérité. Bouddha, l’Être Sublime et Parfait, a fait de l’impermanence des choses le point central de ses enseignements.

3. L'illusion du manichéisme

Ni le bien ni le mal absolu n’existent.

Croire le contraire est le ciment de nos Sociétés. Mais lorsque tu cherches à exprimer ton plein potentiel, te réveiller, cette croyance est l’un des derniers freins.

Elle est très pernicieuse, car elle insinue dans ton mental qu’il existe des “bonnes” voies, celles du Bien. Par exemple, celle que la Société t’encourage à suivre : faire des études, prendre un travail, contracter un crédit, acheter une maison, une voiture, payer des impôts, etc.

S’astreindre à adhérer à cette normalité, c’est implicitement croire qu’il y aurait, par opposition, de mauvaises voies comme une vie de vol et de tromperie, une vie de baroudeur, une vie de volontaire, une vie d’entrepreneur raté.

C’est cette croyance qui t’a empêché de te réveiller.

Mais est-ce bien la Vérité ?

Ne succombe pas aux sirènes du “et si…”

Le bien et le mal n’existent pas.

Tu mourras.

Memento Mori

*Bruit d’alarme*

e.